Editorial

Sainte fête du Christ-Roi

 

Chers Amis,

Il y a un siècle, le 10 décembre 1925, au terme de l’Année Sainte, le Pape Pie XI instituait la fête du Christ-Roi, ordonnant qu'elle soit célébrée dans le monde entier, chaque année, le dernier dimanche d'octobre. Quel était son but ?

En premier lieu et de toute évidence, cette fête a été instituée dans l’intention d’honorer le Christ d’une manière toute spéciale, d’exalter ce titre qu’Il s’est lui-même donné au jour de la Passion, « Tu l’as dit, je suis Roi ».

Ce n’est pas tout, le souverain pontife désirait également faire connaître le plus possible la doctrine de la royauté de notre Sauveur, il souhaitait ardemment qu’elle ne soit jamais perdue de vue tant par le clergé que par les fidèles. Et pour cela rien de tel qu’une solennité liturgique. De même que la Fête-Dieu, avec sa procession, ses reposoirs et l’ostensoir rutilant sous le dais nous pousse tous les ans à plus de foi, de respect et de dévotion envers le Très Saint Sacrement ; de même chaque année, la fête du Christ-Roi nous conduit à affirmer contre vents et marées que Notre Seigneur Jésus-Christ est véritablement Roi.

Connaissons-nous la doctrine de la royauté sociale du Christ ? Permettez-moi d’en rappeler quelques aspects.

Le chrétien affirme que le Christ est roi. Roi parce qu’il est Dieu, Créateur et Maître de l’univers. Roi parce qu’il est notre Sauveur, parce qu’il nous a racheté : notre salut, notre bonheur ne se trouve qu’en lui.

Certes le Christ n’est pas un roi comme les autres. Sa Royauté est fondée sur l’amour et non sur la domination, elle ne s’imposera jamais par la contrainte. Il n’en reste pas moins que Notre Seigneur possède un droit strict à régner sur chacun d’entre nous. Le chrétien comprend que tout homme est appelé à soumettre au Christ l’ensemble de ses facultés, son intelligence, son cœur, sa volonté, sa vie tout entière.

Ce n’est pas tout. Le chrétien affirme que cette royauté ne concerne pas seulement les individus mais doit s’étendre aux différents groupes, aux différentes sociétés, de la famille à l’Etat. Le chrétien est convaincu que les lois divines, l’esprit chrétien doivent guider et inspirer l’organisation, les lois, les décisions politiques. Pourquoi ? Parce que le chrétien est convaincu qu’il a trouvé dans le Christ le meilleur des biens. Humblement, le chrétien sait qu’en recevant l’enseignement du Christ il est dans la vérité, et qu’en le proposant à l’ensemble de la société, il ne peut que contribuer au plein épanouissement de cette dernière, il lui rend le meilleur des services.

Bien plus, le chrétien est persuadé qu’à partir du moment où les lois d’un pays s’éloignent ou s’opposent aux lois de Dieu, ce même pays s’expose aux pires maux. A l’échelle des citoyens ce sera l’effondrement de la morale et le règne de l’individualisme : l'homme au centre de tout, l’homme divinisé… Les conséquences sont encore plus graves à l’échelle des Etats : si l’Etat tout-puissant n’admet rien au-dessus de lui-même, il décrète ce qui est bien ou mal et soumets les individus à son arbitraire. Nous en faisons chaque jour la triste expérience.

Ainsi, tout en étant parfaitement conscient qu’il ne doit ni ne peut contraindre qui que ce soit à embrasser la foi catholique, le chrétien évite ce piège qui consiste à scinder sa vie en deux (catholique dans la vie privée et neutre dans le cadre de la vie professionnelle, publique) sous prétexte de ne pas imposer ses convictions aux autres. C’est donc en tant que chrétien qu’il agira dans la société, et cela en commençant par le plus délicat et le plus pénible travail de réforme : sa propre sanctification.

A l’occasion des cent ans de la fête du Christ-Roi, prions avec ferveur pour que la volonté de Dieu soit faite et que Son règne arrive, demandons à Dieu la force d’être de véritables apôtres du Christ-Roi.

Sainte fête du Christ-Roi !

 

Chanoine Alban Colomb